Location courte durée, annulation de la niche fiscale

Le Conseil d’État Annule la Niche Fiscale des Locations Type Airbnb : Comprendre les Enjeux et les Conséquences. Location courte durée, annulation de la niche fiscale

 

Le secteur de la location de courte durée, dominé par des plateformes comme Airbnb, a connu un essor fulgurant au cours des dernières années. Ce modèle économique, qui permet à des particuliers de louer leur logement à des vacanciers ou à des voyageurs d’affaires, a profondément transformé le marché immobilier dans de nombreuses villes françaises. Cependant, une récente décision du Conseil d’État a bouleversé ce paysage en annulant une niche fiscale dont bénéficiaient les propriétaires de ces locations. Cette décision soulève de nombreuses questions et suscite des inquiétudes parmi les acteurs du secteur. Cet article a pour but d’expliquer cette décision, ses implications pour les propriétaires et les locataires, ainsi que les délais et conséquences pratiques.

     Contexte et Origine de la Niche Fiscale

Jusqu’à présent, les propriétaires qui louaient leur logement en meublé via des plateformes de location saisonnière comme Airbnb pouvaient bénéficier d’une fiscalité avantageuse, grâce au régime dit de « micro-BIC » (Bénéfices Industriels et Commerciaux). Ce régime permettait de bénéficier d’un abattement fiscal de 50 % sur les revenus générés, voire de 71 % pour les locations classées « meublé de tourisme ». En plus de cet avantage fiscal, les propriétaires pouvaient aussi échapper à certaines obligations légales, comme le plafonnement de la durée de location dans certaines grandes villes.

     La Décision du Conseil d’État

Le 22 juillet 2024, le Conseil d’État a annulé cette niche fiscale, estimant qu’elle créait une distorsion de concurrence injustifiée avec le secteur hôtelier, qui est soumis à une fiscalité bien plus stricte. Cette décision a été prise après des années de débats et de pressions exercées par les collectivités locales, les hôteliers, et certains membres du Parlement, qui dénonçaient les effets pervers de cette fiscalité avantageuse.

     Pourquoi Cette Décision ?

Plusieurs raisons ont motivé cette décision. Premièrement, le développement exponentiel des locations de courte durée a contribué à la hausse des loyers dans certaines villes, en réduisant l’offre de logements disponibles pour les résidents permanents. Paris, Lyon, Bordeaux et d’autres grandes villes ont constaté une augmentation significative du prix des loyers, en partie attribuable à la conversion de nombreux appartements en locations touristiques.

Deuxièmement, le secteur hôtelier, qui est un acteur économique majeur, surtout dans les zones touristiques, s’est plaint à de multiples reprises de la concurrence déloyale exercée par les plateformes comme Airbnb. Les hôtels doivent respecter des normes strictes et sont soumis à une réglementation fiscale bien plus lourde, ce qui n’était pas le cas pour les propriétaires louant leur bien en meublé via des plateformes.

Enfin, sur le plan juridique, le Conseil d’État a considéré que la niche fiscale en question n’était pas justifiée par un intérêt économique ou social suffisant pour maintenir une différence de traitement avec le secteur hôtelier.

     Quelles sont les Conséquences pour les Propriétaires ?

La principale conséquence de cette décision est la fin de l’abattement fiscal pour les revenus tirés des locations de courte durée. Désormais, les propriétaires seront imposés sur la totalité de leurs revenus locatifs, ce qui pourrait considérablement réduire la rentabilité de ce type d’activité.

En outre, cette décision pourrait inciter les collectivités locales à durcir les réglementations en matière de locations touristiques. Certaines villes, comme Paris, avaient déjà mis en place des limitations, telles que l’interdiction de louer plus de 120 jours par an un logement sans autorisation spécifique. D’autres pourraient suivre cet exemple, voire aller plus loin en imposant des restrictions supplémentaires.

     Les Répercussions pour les Locataires

Pour les locataires, cette décision pourrait se traduire par une augmentation des prix. Les propriétaires, cherchant à compenser la perte de l’avantage fiscal, pourraient décider de répercuter cette charge sur les locataires. Cela pourrait rendre les locations de courte durée moins compétitives par rapport à d’autres formes d’hébergement, comme les hôtels ou les chambres d’hôtes.

Cependant, une autre conséquence possible est une réduction de l’offre de locations de courte durée. Si la rentabilité n’est plus au rendez-vous, certains propriétaires pourraient choisir de retirer leur bien du marché de la location touristique, ou de le louer à des résidents permanents, contribuant ainsi à une détente du marché locatif dans certaines zones tendues.

     Délais de Mise en Œuvre

La décision du Conseil d’État entre en vigueur immédiatement, mais ses effets fiscaux seront véritablement ressentis à partir de la prochaine déclaration de revenus. Les propriétaires devront donc se préparer à cette nouvelle réalité dès maintenant. Il est également possible que des mesures transitoires soient mises en place par le gouvernement pour accompagner les propriétaires dans cette transition, bien que rien n’ait encore été annoncé officiellement.

     Que Peut-On Attendre à l’Avenir ?

Cette décision du Conseil d’État pourrait n’être que le premier pas vers une régulation plus stricte des locations de courte durée. Plusieurs collectivités locales envisagent déjà de nouvelles mesures pour limiter l’impact de ce type de location sur le marché immobilier. Cela pourrait inclure des quotas de locations touristiques par quartier, des restrictions sur les jours de location, ou encore l’obligation pour les propriétaires d’obtenir des autorisations préalables.

Par ailleurs, les acteurs du secteur hôtelier, forts de cette victoire, pourraient pousser pour d’autres mesures destinées à égaliser les conditions de concurrence. Cela pourrait inclure, par exemple, l’obligation pour les plateformes comme Airbnb de partager plus d’informations avec les autorités fiscales ou de contribuer davantage aux taxes locales.

 

La décision du Conseil d’État d’annuler la niche fiscale pour les locations de courte durée via des plateformes comme Airbnb marque un tournant pour le secteur. Si cette décision est un soulagement pour le secteur hôtelier et les défenseurs d’un marché locatif plus équilibré, elle constitue un coup dur pour de nombreux propriétaires qui devront désormais repenser leur stratégie. Les mois à venir seront déterminants pour évaluer les impacts réels de cette décision, tant sur l’offre de logements touristiques que sur le marché immobilier en général.

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SOURCES

– [Le Monde](https://www.lemonde.fr)
– [Les Échos](https://www.lesechos.fr)
– [Le Figaro](https://www.lefigaro.fr)